J’ai maintenant 36 ans. 36, c’est pas l’âge le plus symbolique disons, mais ma vie a tellement changé en si peu de temps. Je le sens comme un tournant pour moi.

Je suis plus que jamais commise à ma carrière en illustration, j’ai publié ma première bande dessinée l’automne passé, j’ai une agente, je réussis à payer les factures pis du beau linge à l’occasion avec mes dessins, j’ai une boutique en ligne… et j’ai même fait un bébé à travers tout ça! Pas pire pour une fille qui pensait qu’elle était une bonne à rien y’a pas si longtemps.

J’ai demandé à Jimmi de me prendre en photo plus tôt ce mois-ci, et de voir les planches contacts ça m’a fait tout drôle. J’ai changé dans ma tête, mais mon visage et mon corps aussi ont changé et ça, je m’en étais pas encore rendu compte. Je me suis sentie plus vieille, plus fatiguée, plus euh… hum… molle? qu’avant… (Mais non, on le voit pas sur les photos, je montre que celles où je me sens au top de ma game, chu pas à ce point-là confiante quand même!)

Mon corps et mon visage ont jamais été aussi imparfaits et pourtant, je le vois dans mes yeux, je me sens forte, débordante. C’est un feeling le fun. Hier en essayant de m’endormir, mon insomnie s’est nourrie de toutes ces pensées-là. Pourquoi est-ce qu’on a l’impression que le temps use un corps, alors qu’il affine notre esprit et notre coeur? Pourquoi les marques que laissent les expériences de la vie, les épreuves, sont-elles à ce point honteuses? Je me regardais à travers ces photos, et ce que je voyais, c’étaient des imperfections, alors que ce qu’il fallait que j’y vois ce sont des marques de bravoure. J’ai dompté tant d’épreuves dans les dernières années, et elles font de moi celle que je suis aujourd’hui.

Celle que je suis, celle que je veux être, la voilà je pense. Imparfaite, féroce. C’est ce que je me souhaite à présent.

Photos : Jimmi Francoeur