Angoulême

Une petite piste de réflexion ici pour les détracteurs du terme roman graphique… (J’vous aime pareil)

Cela fait déjà plus d’un mois que l’aventure Angoulême a pris fin. Cinq jours à la fois inspirants, ressourçants et d’une intensité indescriptible. Cinq jours remplis de surprises et de moments inoubliables, qui façonneront, à leur manière, la suite de mon parcours.

Qu’est-ce que ça signifie, passer cinq jours à Angoulême pendant le Festival de la bande dessinée ?

C’est côtoyer une foule immense en un temps très court, dans une petite ville fortifiée au cœur de la Charente. Angoulême compte environ 42 000 habitants – on les appelle les Angoumoisins (cute, non ?). On dit que pendant le Festival, plus de 200 000 passionnés envahissent la ville. Alors oui, quand je dis “beaucoup de monde”, ce n’est pas une exagération.

À Angoulême, la bande dessinée est partout. Sur les murs, dans les vitrines, dans les musées, dans les conversations. C’est un monde parallèle, où personne ne s’étonne de voir Lucky Luke, Astérix, Tintin ou Spirou surgir à chaque coin de rue.

Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est à quel point la bande dessinée est ici considérée comme un véritable art. Le neuvième art, et pas un art mineur, pas un passe-temps. Un art à part entière, respecté, valorisé. Les lecteurs viennent de tous horizons et de tous âges : enfants, adolescents, adultes, seniors. Ici, lire une bande dessinée est aussi naturel et légitime que lire un roman. Et ça, c’est incroyablement rafraîchissant.

Les visiteurs du Festival sont curieux. Ils sont là pour dénicher une pépite, un auteur méconnu, une histoire qui les marquera. Partout, des expositions fascinantes. Chacune pensée avec soin, avec une identité propre.

L’une d’elles m’a particulièrement émue : celle consacrée à Posy Simmonds. Avant Angoulême, je connaissais à peine son travail. Mais en entrant dans ces salles qui lui rendaient hommage, une vague d’émotion m’a traversée. J’ai toujours rêvé de devenir un jour comme elle. Et pourtant, je ne la connaissais pas encore. C’est comme ça qu’on se découvre des idoles ?

La bonne vieille cabane au Canada… mieux vaut en rire qu’en pleurer, right?

Les séances de dédicaces, elles, ont une énergie bien différente de celles auxquelles je suis habituée au Québec. Oui, les Français nous regardent toujours comme de curieuses bibittes. Je voyais bien leurs regards intrigués et amusés quand on leur parlait. Et leurs commentaires, encore plus enjoués une fois quelques verres descendus, dans la file des toilettes un jeudi soir à la Souris verte. Faut croire que ça ne changera pas.

Mais au-delà du Festival lui-même, ce voyage a aussi été marqué par des rencontres improbables. Des discussions inattendues avec des gens passionnants, des artistes, des curieux, des âmes animées par la même soif de création. Certains d’entre eux vont certainement rester dans ma vie. Ça m’a redonné l’envie de voyager plus souvent en Europe, un désir qui s’était un peu estompé avec la pandémie et l’arrivée de la maternité.

Et puis, il y a eu cette coïncidence presque surréelle : retrouver Mahaut, une jeune réalisatrice qui a tourné un documentaire sur la création de Suivra le néant, il y a un an déjà. Le tournage avait eu lieu à Montréal, Rimouski et Kamouraska, mais Mahaut, elle, vient d’Angoulême. Se revoir chez elle, dans sa ville, rencontrer sa famille, c’était une expérience à part. Comme un cercle qui se referme, ou plutôt qui s’ouvre vers une nouvelle aventure. J’ai hâte que ce documentaire soit visible par le public !

Ironiquement, c’est avec d’autres Québécois que j’ai tissé les liens les plus forts. Comme si la distance nous rapprochait encore plus, comme si être loin de chez nous accélérait les rencontres.

Je n’ai pas acheté tant de livres. Quelques fanzines, tout au plus. Une peur irrationnelle des longues files dans les pavillons les plus imposants m’a retenue. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pleinement profité de ces moments de rencontre, quand les foules devenaient trop denses. J’ai encore du mal avec ça : cette crainte de manquer d’air quand il y a trop de monde autour de moi. À cause de ça, j’ai laissé passer plusieurs opportunités. Mais au fond, ça m’a aussi permis de vivre le Festival autrement, à mon rythme. De créer d’autres moments, plus simples, plus intimes.

Mais une chose est certaine : ce voyage m’a confortée dans une certitude.

Je suis au bon endroit. Dans ma vie, dans ma carrière, dans mes amitiés.

Un p’tit extra… Quelques photos de belles typos anciennes et vernaculaires capturées un peu partout dans la ville. C’est beau, hein ?

… pis un souvenir de ce jardin d’hiver dans la maison qui nous a accueillis pendant la semaine. J’y aurais passé toutes mes journées.

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Retour sur mes récents élans DIY