Les deux couleurs de l’enfer
Il y a de cela un peu plus de deux mois, j’ai eu le O.K. de l’éditeur pour faire mon prochain livre en bichromie.
Oui, il sera entièrement imprimé en deux couleurs seulement. Déjà, le fait que ce ne sera pas que du noir et blanc, ça m’a réjouit sur le coup. Et puis, c’est excitant de créer un objet imprimé en bichromie. Ça permet de réfléchir à plein de combinaisons et de superpositions de couleurs. Il y a une beauté et une richesse très graphique à explorer ce genre de restriction.
Alors, il y a de cela plus ou moins deux mois, je me souviens d’avoir dit que j’allais utiliser la bichromie à son PLEIN POTENTIEL.
Tsé, quand tu sais pas vraiment ce que tu dis, pis dans quoi tu viens de t’embarquer?
Pour avoir longtemps fait du graphisme, je comprenais assez bien le fonctionnement de base. Je savais comment gérer les couleurs dans un document de mise en page. Pour moi, ces connaissances allaient couler vers l’illustration avec aisance.
Quelle naïveté. C’est vraiment, VRAIMENT, très difficile de comprendre et manipuler des images en deux couleurs dans Photoshop dans le but d’aller en impression. C’est pas quelque chose qui se fait souvent, alors les tutoriels en ligne sont rares et incomplets. Pis si en plus tu veux tout intégrer dans InDesign, hé bien bonne chance! Ah, pis si ton livre fait plus de 320 pages, c’est stupide de penser que tout ira bien.
Ah, et j’ai bien dit que je voulais pousser l’exercice à son plein potentiel?
Alors, donc, les deux couleurs que j’ai choisies sont un jaune chaud et vibrant, et un bleu sombre et profond. C’est un match visuellement trippant, qui flirte avec l’idée d’une combinaison de couleurs complémentaires. Pis c’est aussi un choix conceptuel, parce que ça met en opposition le jour et la nuit, le soleil et la lune, le chaud versus le froid, l’énergie versus la contemplation… Tsé, quand je pense trop… c’est ça, voilà.
L’histoire parle beaucoup d’équilibre, alors je me suis dit qu’il y avait aussi quelque chose à faire avec l’utilisation des deux couleurs. Donc, quand il y a dans l’histoire un certain équilibre (précaire, mais bon), les pages vivent dans un mélange de jaune et de bleu. Puis, lorsqu’il se produira certains événements, le bleu sera la seule couleur présente, avec le jaune qui apparaît pour souligner certains éléments de l’intrigue.
Le livre sera donc en deux couleurs pas seulement parce que « ça va faire beau », mais aussi parce que ça résonne avec le déroulement de l’histoire. Je capote!
Donc, j’ai pris toutes ces décisions-là sans savoir dans quel contrat je venais de m’embarquer. My God… les réajustements, les allez-retours dans les fichiers, les corrections d’erreurs de parcours…
Ça a été une super grosse leçon d’humilité. Je pensais être la boss, la queen, pis finalement j’en ai arraché pas à peu près.
Mais le livre est parti en impression jeudi passé.
Ça y est, le compte à rebours vers le 18 septembre est lancé.